Créée il y a 5 ans par 5 associé·e·s, la Coopérative paysanne de Belêtre, à Dolus-le-Sec (37), a entamé l’hiver dernier un bilan complet de son activité, accompagnée par 5 structures, dont l’Union régionale sur le volet financier.
Remise en question de son système énergétique, réorganisation de sa gouvernance, révision de son projet politique et de son modèle économique… Un nouvel élan pour se projeter collectivement, élan nourri par le recrutement d’associé·e·s appelé·e·s à rejoindre le projet.
Peu de répercussions
À la ferme de Belêtre, l’une des très rares en France à avoir adopté le statut Scop, la crise du Covid n’a pas eu trop de répercussions. « On a continué à travailler tous les jours sur l’exploitation, dehors, comme d’habitude. On est 10 à habiter la ferme, dont deux familles. Le plus difficile a sans doute été de concilier le travail et la garde des enfants, mais grâce au statut Scop, j’ai pu avoir droit au chômage partiel, et on a pu embaucher quelqu’un pour me remplacer sur la production. Il y a aussi eu un bel élan de solidarité de la part des amapiens sur la partie maraîchage, qui nous a bien soulagé·e·s », raconte Mathieu Lersteau, l’un des fondateurs et co-gérants.
Des activités variables
La ferme compte deux activités principales : le maraîchage bio en AMAP, et un atelier céréales / boulangerie. « Sur la partie maraîchage, la crise n’a eu aucun impact, car nous fonctionnons avec un système d’abonnement aux paniers pour 6 mois, et nous sommes donc restés sur les 80 paniers habituellement délivrés. On a un nombre croissant de demandes d’abonnement depuis mi-mai, mais pour le moment, on ne souhaite pas élargir le nombre d'abonné.e.s, on n’a pas les moyens de suivre. On reverra donc à l’automne, quand on aura repensé notre organisation. » L’activité de boulangerie a connu davantage de variations : si les ventes aux magasins bio, du type Biocoop, ont bondi pendant le confinement, la baisse est en revanche notable depuis 2 mois. « L’une des explications est que les gens se seraient mis à faire leur pain eux-mêmes… », explique Mathieu.
Des surfaces d’exploitation agrandies
Actuellement, la Scop est en pleine évolution. Une première parcelle supplémentaire a été acquise en 2019 par la foncière de l’association Terre de Liens pour conforter et pérenniser l’activité de paysan-boulanger, en permettant l’autonomie céréalière. Puis, début 2020, la ferme s’est encore agrandie, triplant ainsi sa surface de terres et doublant sa surface de bâtiments, avec un total de 64 hectares désormais. Ces nouvelles surfaces vont permettre à la Scop de diversifier les productions, de conforter les existantes, et de développer de nouvelles activités, agricoles ou non.
Bilan et remise en question
Ces évolutions viennent s’inscrire dans une démarche plus large entamée par les 5 associé·e·s l’hiver dernier. « Au bout de 5 ans d’existence, il était venu pour nous le temps de faire un bilan complet de nos pratiques, tant techniques qu’en terme de gouvernance. On a lancé un diagnostic agro-environnemental, et réalisé une projection climatique à 2040. Notre objectif est de tendre vers une ferme bas carbone, en divisant nos émissions par 6, mais c’est un objectif très ambitieux et difficilement tenable dans le contexte économique actuel », détaille Mathieu. « Nous questionnons également notre gouvernance, et nos engagements militants. De la réécriture du projet politique de Belêtre est né le souhait d’intégrer de nouvelles ou nouveaux associé·e·s. Un·e, deux, trois ou plus… tout est ouvert et envisageable et reste à construire ! »
La Scop comme réponse aux enjeux de transmission
« En 2015, nous avons fait le choix de reprendre les activités de la ferme de Belêtre, tout d’abord sous statut associatif, puis en Scop fin 2016, en devenant tous les 5 associé·e·s-salarié·e·s et co-gérant·e·s. Nous avons fait ce choix pour des raisons éthiques. Il y a un véritable enjeu à renouveler les actifs dans le monde agricole. Le statut coopératif offre une réponse concrète et pérenne à la problématique de la transmission dans le monde agricole. Le statut permet notamment de garantir aux paysans une protection sociale, et d’éviter le surendettement. La part sociale pour chaque nouvel·le associé·e est fixé à 50 €. C’est la pérennité de l’entreprise et du projet qui importe avant tout. » Un choix qui reste malheureusement marginal : il existe aujourd’hui seulement 3 à 4 Scop agricoles en France.
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