Le 26 mai dernier, Les Charpentiers de Paris fêtaient officiellement leurs 130 ans et leur implantation dans leur nouveau siège social, en présence de celles et ceux qui contribuent encore aujourd’hui à la réussite et à la longévité de la Scop.
Cette longévité n’empêche pas la coopérative de chercher sans cesse à innover et moderniser ses métiers, et c’est sans doute là aussi l’une des clés de sa pérennité. Ainsi, elle est par exemple passée des tracés à même le sol aux dessins assisté par ordinateurs, de l’atelier au bureau d’études.
Des réalisations visibles aux quatre coins de l’Ile-de-France
La présence des Charpentiers de Paris se matérialise en de nombreux lieux en Île-de-France : le Musée du Luxembourg, le château de Vaux-le-Vicomte, le CentQuatre, l'École militaire ou encore l’Institut Pasteur figurent par exemple parmi les réalisations de la Scop de ces 10 dernières années, dont l’expertise est principalement mobilisée pour des travaux de charpentes et structures bois et métalliques en neuf et en restauration.
La construction d’un savoir-faire incontournable
Il faut remonter en 1893 pour voir la naissance de ce qui s’appelait alors La Coopérative Ouvrière des Charpentiers de Paris, fondée par un groupe de 26 Compagnons du Devoir issus de la Société Les Charpentiers de la Villette. L’objectif était alors d’améliorer leurs conditions de travail et leur qualité de vie en prenant en main le contrôle de leur métier et la gestion de leur entreprise. Bénéficiant rapidement d’une réputation de sérieux et de savoir-faire, les coopérateurs cumulent les prouesses techniques et participent à tous les chantiers prestigieux, comme l’Exposition universelle de 1900 ou les expositions coloniales de 1931 et 1937. Toujours à la pointe de l’innovation, l’entreprise se spécialise à partir des années 30 dans la rénovation des bâtiments historiques.
Elle travaillera ensuite des années 50 jusque dans les années 70 à la réfection de dommages de guerre et consolidera sa position de leader national dans les étaiements et dans la rénovation des Monuments Historiques.
Les années 80 seront marquées par de grands chantiers comme celui de la rénovation de l’Opéra de Paris ou encore la collaboration avec l’artiste Christo pour l’empaquetage du Pont-Neuf en 1985 (une collaboration réitérée en 2021 avec l’empaquetage de l’Arc de Triomphe, nécessitant 25 000 m² de toile argentée, cerclés par 3 kilomètres de corde rouge).
Une Scop tournée vers l’avenir
En 2023, la Scop des Charpentiers de Paris, l’une des plus anciennes coopératives de travailleurs de France, jouit toujours d’un savoir-faire et d’une renommée qui en font l’un des acteurs incontournables des chantiers de rénovation des plus grands bâtiments et monuments franciliens.
Elle compte aujourd’hui une centaine de salarié·e·s dont la moitié sont associé·e·s. Ses ateliers, déménageant au gré du développement de l’entreprise du centre de Paris à Bagneux (92), sont désormais installés à Wissous (91), et s’étendent sur une surface de 14 000 m².
Reste maintenant à écrire le futur de la Scop, en partenariat avec les architectes, maîtres d’œuvre, bureaux d’études et clients, pour relever les défis techniques, environnementaux et sociétaux de demain, tout en préservant son héritage séculaire !
Retour sur l’événement du 26 mai
L’événement organisé pour célébrer les 130 ans de la Scop et l’inauguration de leur nouveau siège social de Wissous a réuni de nombreux partenaires, parmi lesquels le Mouvement coopératif.
Ainsi, après une visite des ateliers bois et métal et d’une exposition consacrée à l'empaquetage de l’Arc de Triomphe, place était laissée aux discours !
Jean-Marie Kerherno, Président de l’OPPBTP (Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics), a raconté avec émotion l’héritage coopératif légué par son père, entré comme technicien en 1949 puis élu PDG des Charpentiers de Paris en 1970, et qui l’a marqué dans sa propre carrière au sein de la Scop STPEE. Il a ensuite insisté sur les valeurs démocratiques des Charpentiers de Paris et sur le caractère impartageable des réserves comme ingrédients qui expliquent en grande partie la longévité de la Scop.
Jean-Marc Morandi, président des Scop et Scic IDF CVL Outremer et PDG de la Scop Scoping, a ensuite pris la parole pour saluer la longévité de la coopérative, et souligner l’importance pour chaque Scop et chaque coopérateur·trice de se faire les ambassadeurs de ce statut qui gagne à être plus et mieux connus.
Enfin, Charles-Henri Montaud, Président de la Fédération nationale des Scop du BTP et PDG de la Scop UTB, a abordé son discours sous l’angle historique. Il est ainsi revenu sur la corrélation entre la création de la Scop et celle du Mouvement coopératif à la fin du 19e siècle, dans le contexte de la naissance de la IIIe République, posant les bases de la République Française telle qu’on la connait aujourd’hui. De là découle le fait que ce qui nous semble aujourd’hui évident dans la coopération ne l’était pas nécessairement pour les fondateurs de la Scop, qui se lançaient alors dans une grande aventure, certainement sans imaginer que cela puisse encore se poursuivre 130 ans plus tard !