AnthropoLinks, c’est l’histoire de trois chercheuses (l’une d’entre elle a quitté l’aventure depuis), docteures en anthropologie de l’environnement diplômées du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, qui, à l’issue de leur thèse, avaient l’envie de mettre leurs connaissances et compétences au service de projets appliqués, dans un cadre collectif.
Ainsi est né le bureau d’études et de recherches AnthropoLinks en 2011, tout d’abord sous format associatif, pour pouvoir répondre rapidement à un premier contrat, puis sous la forme d’une Scop, depuis 2013.
Fabriquer les territoires de demain
Les champs d’expertise d’AnthropoLinks sont larges et diversifiés. Difficile de résumer en quelques mots l’activité quotidienne d’Aurélie Druguet et Marine Robillard, ses deux fondatrices, rejointes il y a un an par une troisième salariée. Mais tentons une synthèse !
« Nous sommes spécialisées dans les études et recherches sociales, en sociologie et anthropologie, mais aussi dans les évaluations de politiques publiques et de projets, et les études d’impacts et de risques sociaux. Nous articulons nos missions autour de trois expertises principales : les expertises, les formations et les recherches », détaillent les deux associées. « Nous sommes trois, et travaillons de manière très autonome, mais nous ne sommes jamais seules sur ces projets ! Nous nous appuyons sur un réseau d’experts d’horizons divers et complémentaires, et des acteur·rices de la recherche scientifique. Notre parti pris est de nous appuyer sur les vécus, les pratiques, l’expertise d’usage, les composantes sociologiques et les identités des habitant·es pour fabriquer les territoires de demain, ici, en France, comme à l’international. »
Une expertise connue et reconnue
Depuis leur premier contrat décroché en 2011 dans le secteur des études d’impact sur le volet social, alors que se mettaient en place des normes internationale sur l’encadrement des droits culturels et humains, Aurélie Druguet et Marine Robillard sont devenues des expertes francophones connues et reconnues, actrices incontournables sur ces sujets, allant jusqu’à accompagner les États et former les agents des ministères. Aurélie comme Marine travaillent ainsi principalement en Afrique centrale et Afrique de l’Ouest, où les experts francophones dans le domaine des études d’impacts sociaux sont très recherchés.
Parallèlement, elles ont diversifié leurs champs d’intervention et développé une expertise sur les questions environnementales, patrimoniales et mémorielles, et sur les enjeux de démocratie participative, qu’elles mettent en pratique principalement en France, dans le cadre de politiques publiques et d’études participatives et inclusives.
« Où est le chef ? »
Mais pourquoi avoir fait le choix de la Scop, pour une activité qui implique une grande autonomie de travail ? « Dès le démarrage de notre activité, on a fait un benchmark des différents statuts d’entreprises existants. On a rencontré et échangé avec pas mal de structures… on avait déjà entendu parler des Scop, et l’aspect collectif nous avait immédiatement parlé. On a choisi de démarrer sous format associatif, pour pouvoir répondre rapidement à notre tout premier contrat, mais dans l’optique de faire évoluer notre statut. On est rapidement tombées dans l’association à but lucratif, et c’est vite devenu un gouffre financier. C’est l’une des deux raisons qui nous ont conduites à nous transformer en Scop, avec celle de l’envie d’être en accord avec notre fonctionnement interne. Dès qu’on a lancé l’activité à trois, on a fait aucune distinction entre nous, il n’y avait pas de cheffe », raconte Aurélie Druguet. « En parallèle, on avait intégré les réseaux de start-up et d’incubateurs.
On était un peu des OVNI dans le monde de la recherche. On nous demandait constamment "Où est le chef ?" et on ne voulait absolument pas entrer dans ce schéma, alors qu’on nous y poussait de plus en plus.
La Scop, en réponse à cette pression, correspondait à nos valeurs et reflétait nos aspirations. Le choix s’est donc fait naturellement », complète Marine Robillard.
Une approche transversale et atypique
Revendiquant une approche transversale et atypique dans le milieu de l’anthropologie, au croisement de cette dernière et des problématiques sociales et environnementales, AnthropoLinks œuvre concrètement à la transition. « On travaille beaucoup en milieu rural, avec des communautés dépendantes des milieux naturels dans leur quotidien. L’enjeu de sauvegarde des ressources naturelles est donc centrale pour elles, à l’échelle locale », précisent les co-fondatrices.
Une atypicité qui se mue en véritable challenge, dès lors qu’il s’agit de recruter. « Au cours des 10 ans d’activité d’AnthropoLinks, il nous est arrivé d’être jusqu’à 9 salarié·es. Mais ce n’était pas simple : notre cœur de mission, c’est d’être sur le terrain, de manière très autonome. Manager des personnes, ce n’est pas notre métier. Malgré cela, la charge de travail pourrait nous amener à nous développer, mais c’est vraiment très difficile de recruter, tant notre niveau d’expertise est élevé, et couvre des domaines à la fois vastes et spécifiques. Et avec nos activités chronophages, il n’est pas évident d’accompagner à la montée en compétences… » Malgré cela, elles ont récemment trouvé la perle rare, en recrutant il y a un an Stéphanie Tselouiko, avec l’idée, à terme, de la faire entrer comme associée de la Scop.
« Cela fait trois ans que notre activité est stabilisée.
Notre principal enjeu aujourd’hui est de former notre nouvelle salariée, pour la faire monter à terme au sociétariat de l’entreprise.
On est également particulièrement vigilantes à dégager davantage de temps pour nos vies personnelles, à trouver un bon équilibre, après des années assez usantes passées sur le terrain. On arrive à un âge de maturité. On se cherche moins, et aujourd’hui on récupère de la qualité de vie au travail », concluent Aurélie et Marine. De quoi aborder les années à venir avec sérénité !