Créée en avril 2015 par trois anciens salariés d’une agence web, la Scop 24ème se définit comme fabricant de logiciels libres, et revendique une approche immersive pour répondre au plus près aux problématiques rencontrées par les communautés de métiers avec lesquelles elle travaille. La Scop se caractérise également par une gouvernance pleinement horizontale, libre et transparente.
Du libre sur-mesure
« Nous sommes une corporation de développeurs web, qui constituent 100 % de notre équipe de 7 salarié·e·s. Nous développons des logiciels libres de gestion d’activité, particulièrement adaptés aux communautés de métiers que nous tentons de fédérer. Nous travaillons ainsi avec des interprofessions et des syndicats viticoles, qui sont notre cœur de métier historique, mais aussi avec des communautés dans les domaines de l’assainissement, du droit, de l’urbanisme… Chez nous, on ne vend pas des licences, mais notre force de travail ! », indique Jean-Baptiste Le Metayer, l’un des fondateurs du 24ème. « Ce qui nous anime, c’est d’aller à la rencontre des clients, de découvrir les problématiques propres à leurs métiers, et de créer ensuite des outils de gestion sur-mesure à partir de briques communes. Il nous arrive par exemple de passer une journée complète sur les postes de travail de nos clients, en immersion totale, afin de bien saisir leurs enjeux quotidiens », détaille Jean-Baptiste.
Une approche transversale
Une approche atypique qui n’est pas sans lien avec le fonctionnement interne du 24ème. « Chacun·e de nous, dans l’équipe, est en capacité d’intervenir sur un dossier et de répondre à une demande client. C’est d’ailleurs certainement ce qui déroute le plus nos clients, d’écrire sur une adresse mail générique consultable par nous tou·te·s, sans avoir d’interlocuteur unique désigné. Mais au final, ils s’y font rapidement, car ils constatent que cette grande agilité et souplesse leur est bénéfique ! »
Créer une Scop à leur image
Avant de fonder le 24ème, Jean-Baptiste, Mathurin et Vincent travaillaient déjà ensemble, au sein d’une agence web. Rapidement, ils forment une équipe autonome au sein de l’entreprise, avec son fonctionnement propre. « Nous nous heurtions à des pratiques managériales qui ne nous convenaient pas. Nous avons donc décidé de créer notre propre structure. Nous connaissions mal le monde de l’entrepreneuriat, mais savions ce que nous voulions : un pied d’égalité entre tous les membres de la structure. Une amie travaillant pour un cabinet comptable proche du mouvement Scop nous a parlé du statut coopératif. Nous avons pris contact avec l’Union régionale des Scop et nous sommes faits accompagnés à la création de notre entreprise. »
Le 24ème naît en avril 2015. Toutefois, les trois associés ont envie d’aller encore plus loin dans la gouvernance. « Nous avions pour ambition de nous approcher d’une gestion proche de celle d’une entreprise libérée, et nous ne trouvions pas d’outils adéquat au sein des Scop. L’avantage avec ce statut, c’est qu’ensuite on peut faire à peu près tout ce qu’on veut sur mesure ! ».
Horizontalité et transparence
Aujourd’hui, le 24ème fonctionne dans une complète horizontalité et totale transparence. « Nos fondements, ce sont la confiance et la responsabilité. C’est ce qui permet d’inciter les initiatives personnelles et d’encourager les motivations intrinsèques de chacun·e. Mais sans oublier qu’on est tous dans le même bateau, qu’on œuvre dans le même sens. »
Concrètement, cela se traduit au quotidien sous différentes formes. « Chez nous, ce sont les salarié·e·s qui fixent leur salaire au moment de leur embauche. Nous avons également mis en place un système de vacances libres. Par ailleurs, nous offrons une transparence totale à nos salarié·e·s comme à nos clients sur notre partie administrative et bancaire : tous les documents sont consultables en ligne sur notre site Internet. On ne veut pas que le pouvoir soit concentré sur une seule personne. Et pour le moment, cela fonctionne très bien. » Afin de fluidifier la gestion au quotidien, la Scop a mis en place des tactical meetings (réunions tactiques) mensuelles. Ces réunions se déroulent hors-les-murs, dans des espaces chaque fois différents, sur une demi-journée. « Cela nous permet de faire un point sur l’activité économique du 24ème, et d’aborder individuellement et collectivement ce qui a été bien pour soi et pour l’entreprise, et ce qu’on imagine mettre en place pour améliorer les choses. »
Une activité en plein développement
Des choix qui font leurs preuves : la Scop dégage des bénéfices depuis sa création, et, n’étant pas impactée par la crise actuelle, poursuit l’accroissement de son activité. Après l’intégration récente de deux alternant·e·s, « avec la volonté de diversifier l’équipe, notamment en associant des femmes », un recrutement en CDI est prévu très prochainement, « pour répondre plus rapidement aux nouveaux projets de nos clients, que nous n’avons actuellement pas le temps de développer », conclut Jean-Baptiste Le Metayer.