« Quand De Rue De Cirque [2r2c] est née en 2005, c’était la 100e Scic de France, et seulement la troisième dans le secteur culturel ! », raconte Rémy Bovis, son gérant et co-directeur*. Depuis, au fil des ans et de son développement, 2r2c n’a eu de cesse d’œuvrer à la démocratisation culturelle et du soutien à la création contemporaine dans le domaine des arts de rue et du cirque.
Un nouveau lieu dédié à la création dans le 13e arrondissement
Depuis quelques semaines, la coopérative a franchi une étape importante de son histoire : elle a intégré un tout nouveau lieu dédié à la création, la Fabrique artistique, au 18 rue Watt dans le 13e arrondissement de Paris. « L’aboutissement d’un projet initié par la Ville de Paris en 2015 pour intégrer ces lieux, et plus largement de 15 années de lutte pour avoir un lieu fixe », précise Rémy Bovis.
Historiquement fortement implantée dans le sud de Paris et particulièrement dans le 13e arrondissement, la Scic renforce ainsi son projet central d’accompagnement des artistes, mais aussi son ancrage sur ce territoire, terrain de jeu principal de ses expérimentations artistiques depuis une quinzaine d’années.
« 90 % de ce qu’on fait, on le fait dans le quartier », souligne Rémy Bovis.
Un laboratoire ouvert sur l’extérieur
À travers ce nouveau lieu dédié à l’accueil des compagnies en création comme des pratiques amateures, mais aussi lieu de rencontres et d’échanges, elle souhaite faire le point de départ d’une exploration artistique plus vaste du territoire, un laboratoire ouvert sur l’extérieur, en poursuivant les actions initiées ces dernières années.
« Ce quartier a connu de grands bouleversements ces dernières décennies », précise Rémy Bovis. « On dit que 3 x 35 000 personnes s’y croisent chaque jour : 35 000 habitant·e·s, 35 000 salarié·e·s et 35 000 étudiant·e·s ! ».
De Rue De Cirque et les artistes qu’elle accueille entendent ainsi développer une relation intime et durable avec les habitant·e·s, à partir de ce nouveau port d’attache.
Un travail en lien étroit avec les associations et acteurs sociaux
« Nous travaillons sur ce territoire depuis 2007 » explique Marie Chapoullié, co-directrice de la Scic, « en lien étroit avec les associations et acteurs sociaux du quartier, mais aussi à travers un fort volet d’actions en direction des publics scolaires. On a arpenté cette zone à travers différents projets, comme celui d’une carte blanche donnée à une dizaine de compagnies pour partir à la rencontre du territoire et en prendre le pouls, durant 3 ans. Ou encore celui du PLI (Petit Labo Interactif), qui a permis aux habitant·e·s du quartier de raconter leur lieu de vie, et qui a abouti à la création de parcours de balades urbaines. »
Sur ces bases, la coopérative a pu développer un projet de territoire solide, en s’appuyant sur les partenaires socio-culturels autour de son futur lieu d’implantation, la rue Watt. « Nous avons permis de faire le lien entre des acteurs qui se côtoyaient sans se connaitre réellement et sans avoir jamais travaillé ensemble. »
Un ancrage local pour un rayonnement international !
Cet ancrage territorial fort n’empêche pas pour autant la Scic de rayonner plus largement ! Elle accueille ainsi chaque année des artistes venus de toute la France et d’Europe, au cours d’une vingtaine de résidences, de durée diverses. « Notre accompagnement peut prendre différentes formes, du compagnonnage sur 1 ou 2 ans avec des compagnies pour la moitié d’entre elles sociétaires à des résidences ouvertes de 5 à 10 jours. Nous avons également des résidences accompagnées, plus courtes. Nous venons d’ailleurs de clore notre premier appel à résidences pour la Rue Watt le 4 février dernier !» détaille Marie Chapoullié.
Des spectacles accessibles à toutes et tous
Une recette qui permet à De Rue De Cirque de séduire un public fidèle et toujours plus nombreux. « Comme une onde qui se répercute, à partir du sud du 13e arrondissement, nous parvenons à toucher un public large, mixte et mélangé. Chaque fois, c’est la même émotion de découvrir que le public nous fait confiance : ils ne savent pas toujours ce qu’ils viennent voir, et pourtant ils sont toujours là au rendez-vous, même sous la pluie ! », s’enthousiasme Marie Chapoullié. L’accessibilité des tarifs permet cela, mais la qualité et l’audace de la programmation y sont aussi pour beaucoup.
« Les gens aiment recevoir des propositions artistiques, qu’elles soient accessibles ou plus exigeantes. Et on ne négocie jamais avec la qualité de ce que l’on propose. »
Nul doute que l’ouverture de la Fabrique artistique rue Watt va permettre d’approfondir encore davantage ces liens entre artistes et publics, et renforcer l’accompagnement d’une scène artistique émergente ou confirmée porteuse d’une réflexion essentielle à la compréhension de notre rapport au monde.
* On en compte plus de 1 200 aujourd’hui, dont une cinquantaine dans le domaine de la culture.