BicyclAide (92) : le vélo, levier du changement !
Initialement créée sous forme associative en 2009 à l’initiative d’un groupe de citoyens, BicyclAide est devenue Scic en 2015. La coopérative, qui œuvre pour promouvoir la mobilité douce et l’usage du vélo par tous, dans une logique d’économie circulaire, compte aujourd’hui 6 salariés et 44 associés, parmi lesquels la Ville de Gennevilliers. Depuis la sortie du confinement mi-mai, son activité est en plein boom.
Imaginer l’après crise
« Pendant la période de confinement, on a imaginé la nouvelle organisation qu’on pourrait mettre en place pour continuer notre activité malgré les nouvelles contraintes imposées. On a ainsi envisagé de se recentrer sur la boutique, en élargissant ses horaires d’ouverture. La plus grosse partie de notre activité porte sur la l’animation et la formation, et ça nous semblait difficile à poursuivre avec la crise sanitaire. On a également imaginé développer un service de réparation à domicile… Mais tous nos plans ont été chamboulés, et rien ne s’est passé comme prévu ! » annonce Charlotte Niewiadomski, gérante de la Scic, qui compte 6 salariés dont 4 mécaniciens.
L’explosion de la demande à la sortie du confinement
10 jours avant la mise en place de cette nouvelle organisation, l’Etat annonce la création du programme « Coup de pouce vélo ». « On a été immédiatement débordés », raconte Charlotte Niewiadomski. « Il y avait des files d’attente devant la boutique, on n’avait jamais vu ça ! ». Par ailleurs, l’usage d’alternatives à la voiture et aux transports en commun est encouragé par les pouvoirs publics pour le retour au travail. Rapidement, des sollicitations des clients professionnels (collectivités, bailleurs sociaux, entreprises…) affluent, pour des ateliers de réparation en bas des bureaux ou des formations autour de la sécurité à vélo. « L’animation, c’est notre cœur de métier. Mais là encore, on a dû repenser les formats, car avec les règles d’hygiène, impossible de se prêter par exemple les outils et les pièces sur des ateliers d’autoréparation. Alors on est parti sur des ateliers avec des rendez-vous toutes les 30 mn pour éviter les attroupements tout en permettant aux participants de repartir avec un vélo entièrement révisé. »
De nouveaux enjeux
Depuis 3 à 4 ans, BicyclAide connait un fort développement sur deux autres de ses activités : l’aménagement de locaux à vélos et la vélo-école. « Beaucoup d’AG de copropriétés ont été reportées en raison du Covid, et depuis le mois de juin, nous sommes fortement sollicités pour réaliser des études d’aménagement et des installations de locaux. Nous enregistrons également une forte hausse de demandes pour la construction d’abris extérieurs, dans les vieux immeubles. Parallèlement à cela, le « Coup de pouce vélo » a mis un coup de projecteur sur l’existence des vélo-écoles, avec la prime à la remise en selle. Il y en a très peu en Ile-de-France, et nous nous sommes retrouvés tout à coup avec des dizaines de demandes, alors que notre éducatrice mobilité vélo venait de partir. » Avec la perspective d’un déploiement pérenne de ces deux activités, la Scic prévoit donc de renforcer son équipe d’un à deux temps-pleins supplémentaires. Toutefois, « [la Scic] rencontre des difficultés à recruter des mécanos vélo. On est sur des postes hybrides de mécaniciens tous types de vélos, animateurs, pédagogues… et puis il faut avoir une sensibilité aux valeurs fortes que nous portons, d’écologie, de solidarité, de démocratie d’entreprise… ».
Un changement d’échelle
Charlotte Niewiadomski note une évolution des mentalités, déjà amorcée avant la crise du Covid-19. « Il y a une prise de conscience. Les gens découvrent que le vélo est un véritable véhicule, qui s’entretient, qu’il y a de la mécanique, de l’usure, et que cela nécessite de recourir à des services payants. » En parallèle, les politiques promeuvent de plus en plus les mobilités douces. « Il faut qu’ils se saisissent de ce contexte pour soutenir l’évolution des pratiques, en continuant à déployer des aménagements, à promouvoir les modes de déplacements doux, à développer les formations professionnelles dans le domaine du vélo, et à soutenir financièrement l’achat de vélos mécaniques et pas seulement de vélos électriques. Ce sont des politiques peu coûteuses mais efficaces. Il faut passer aux actes ! », conclut-elle.